La Saâne va se transformer

En 2025, la Saâne ne se jettera plus dans la mer via une étroite buse (Photos AC/PN)

La basse vallée de la Saâne, entre Longueil et Quiberville, sera le théâtre d’investissements, d’ici à 2025, afin de lutter contre les inondations. L’Europe a accordé les financements indispensables et attendus.

«C’est le plus vaste et plus ambitieux projet d’adaptation au changement climatique, et de recomposition spatiale du nord de la France, qui va être mis en oeuvre jusqu’en 2025, avec un triptyque : réduction des risques, maintien de l’attractivité économique et restauration de la biodiversité littorale », souligne Régis Leymarie, délégué adjoint Normandie du Conservatoire du littoral, ce mardi 1er septembre 2020, faisant référence à la métamorphose annoncée de la basse vallée de la Saâne, entre Longueil et Quiberville. « Sans l’engagement européen, ce projet n’aurait pas vu le jour », répète Régis Leymarie, au cours d’une rencontre au foyer rural de Quiberville, puis lors d’une visite sur trois sites particulièrement concernés par les investissements : d’une part le terrain du futur camping de Quiberville, rue de la Saâne, en retrait de la D127, d’autre part la peupleraie de Longueil, enfin la buse où la Saâne se jette dans la Manche, près de l’actuel camping de Quiberville.

« Une légitimité »

Le projet était à l’étude depuis 2012. Le Brexit ne remet pas en cause « l’engagement exceptionnel de l’Union européenne via le programme Interreg franco-anglais PACCo (Promouvoir l’adaptation aux changements côtiers) », apprécie Régis Leymarie. Jean-Philippe Lacoste, délégué Normandie du Conservatoire du littoral, ajoute : « Le Conservatoire est propriétaire de 51 hectares dans la basse vallée de la Saâne. Cela donne une légitimité et permet de faire. Sinon, on se heurte à des obstacles, car on n’a pas de légitimité. »

Jean-François Bloc, maire de Quiberville et conseiller régional, est heureux de cet aboutissement, conséquence de séries d’inondations survenues bien avant 2012 : « Depuis vingt ans, on parle des inondations. On a eu 1,60 m d’eau dans notre camping par le passé ! » Ces hébergements locaux de plein air présentent la particularité de se situer légèrement en dessous du niveau de la mer. De l’actuel camping, il suffit de traverser la D75 qui longe la plage pour aller faire trempette. Ce ne sera plus le cas (lire ci-dessous).

« Nous nous sommes réunis souvent dans cette salle pour trouver des solutions. Cette fois-ci, nous sommes dans le concret, dans l’opérationnel », savoure le maire.
Pour mieux illustrer la pluralité d’acteurs de ce vaste dossier de « renaturation », tous étaient représentés à cette réunion : l’État, la Région, la Département, la communauté de communes Terroir de Caux, les communes de Quiberville, Longueil, Saint-Marguerite-sur-Mer, le Syndicat mixte des bassins versants Saâne Vienne Scie, l’Agence de l’eau Seine-Normandie, l’Établissement public foncier de Normandie et le Conservatoire du littoral, lequel joue un rôle de coordinateur.

Dans cinq ans, la Saâne se jettera dans la mer, à l’emplacement de l’actuel camping. Laurent Topin, directeur du Syndicat mixte des bassins versants Saâne Vienne Scie, signale qu’aujourd’hui, « nous sommes dans un lit mineur artificiel. Tout vient de l’Homme. »

La pollution vient aussi de l’Homme. C’est pourquoi, le plan inclut la réalisation d’une toute nouvelle station d’épuration, sur les hauteurs de Longueil. Olivier Bureaux, président de Terroir de Caux, indique que cet équipement viendra en remplacement d’installations existantes et sera configuré « à 5 000 équivalents habitants ». Des postes de refoulement, des branchements seront installés ou réhabilités. « Aujourd’hui, Longueil et Saint-Denisd’Aclon sont sans réseau collectif. La station d’Ouville date de 1970 et montre des défaillances. » Même constat à Gueures, à Brachy…
Pour Jehan-Éric Winckler, sous-préfet à Dieppe, cette future station d’épuration va « permettre à l’État de ne pas prendre des arrêtés de péril sanitaire, comme cela a déjà été le cas… » Des rejets d’eaux souillées dans la Saâne, donc dans la mer, ont parfois obligé l’État à interdire la baignade. Mais le sous-préfet avertit, malgré les avancées administratives : « Le plus facile a été fait. Maintenant, il va falloir mettre les bottes. »

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COMBIEN ÇA COÛTE ?

L’Interreg franco-anglais PACCo (Union européenne) débloque 11 M€ dans le cadre de ce projet de « recomposition spatiale de la Saâne ». Entre autres, ces subventions européennes financent à 69 % deux actions majeures : le futur camping de Quiberville à hauteur de 4,7 M€ et la future station d’épuration de Longueil à hauteur de 2,8 M€. Pour le camping, le Département versera 387 000 €, la Région 351 000 € et la commune devra trouver 1,4 M€. Pour la station d’épuration, Terroir de Caux versera 609 000 €, Eau Seine Normandie 466 000 € et le Département 184 000 €.

ARNAUD COMMUN